L'Equipe Faucontact

Par le commencement :⁠

A 5ans je commandais des œufs de faucon au Père Noël. En CE1 mon premier exposé était sur l’aigle royal. J’ai toujours aimé l’école et été bonne élève jusqu’au lycée, ou j’ai perdu toute envie de m’investir dans des enseignements vides de sens pour moi… ⁠J’ai eu alors la chance d’entrer dans un établissement spécialisé dans l’étude de la faune sauvage.⁠ Moi qui n’avait jamais mis un pied dans une forêt, quelle révélation ! Et quel bonheur !

Mes rêves de Fauconnerie n’étaient jamais loin. J’aimais ce que j’apprenais durant mes études MAIS je n’arrivais pas a me projeter dans les métiers sur lesquelles cela débouchait… En juin 2013, après un enchainement de « coïncidences », je décide d’abandonner tout projet d’études supérieures pour me lancer dans l’apprentissage de la Fauconnerie. ⁠Devine quoi ? Il n’y a pas de formations, pas de qualifications, pas de diplômes ! HA.⁠ Je commence alors du bénévolat TOUS LES JOURS dans le parc de rapace le plus proche de chez moi. Puis au bout de quelques mois j’ai été embauché pour ma première saison en temps qu’assistante fauconnier !⁠
C’est l’officialisation de mon rêve. J’ai fais de ma passion mon travail… Et mon job c’est de faire voler des oiseaux !⁠ Très vite j’y trouve ma place et j’ai la chance d’avoir un maitre de vol incroyable avec qui le lien se créer instantanément. En fauconnerie il n’y a pas de diplômes et pourtant tant de choses à apprendre !

L’art de faire voler des rapaces est un apprentissage (inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO) qui se transmet de maitre à élève pendant plusieurs années. Je travaille alors 3 étés dans ce parc avec mon chef préféré, et durant l’hiver il m’apprend la chasse au vol.

En 2015, je découvre par hasard la Médiation animale, je suis très intriguée et trouve vite cela passionnant. Vous voulez dire que faire voler des oiseaux et aider les gens en même temps ça existe ? Je participe a quelques séances bénévoles pour me faire une idée et je me sens en confiance et tout sourire dès les premières minutes de séance.
Je décide alors de participer a la formation d’intervenant en médiation par l’animal chez Agatéa.

En 2016 après 3ans de volerie et en recherche d’une pratique plus technique que le spectacle de rapace, je commence à rêver d’effarouchement (faire fuir des oiseaux sauvages a l’aide de rapaces en milieu urbain/industriel)… Pendant plusieurs années je me contente de jobs alimentaires : jamais plus de 2mois au même endroit. Je garde le temps de faire voler mon oiseau et j’apprends a chasser au vol avec ma buse de Harris Kaly. Entre temps je rejoins l’Association Nationale de Fauconnerie et d’Autourserie (ANFA) ou j’y trouve un réseau de fauconniers expérimentés, sur lesquels m’appuyer. Un jour, l’ANFA me propose d’envoyer ma candidature pour un festival de Fauconnerie, je ne sais pas trop en quoi ça consiste, mais les yeux plein d’étoiles je tente ma chance !

A coté de ça la déprime s’installe, je suis malheureuse dans tout autre travail qu’auprès des rapaces, mais je ne veux pas retourner en spectacle. Alors enfin j’ose. J’envoie des CV et lettres de motivation dans toutes les entreprises d’effarouchement en France que je puisse trouver, c’est à dire 15 au max, et j’attends… 1mois, 6mois…

Puis un jour dans ma boite mail, le verdict tombe : je suis sélectionnée pour représenter la jeunesse de France au Festival international de Fauconnerie d’Abu Dhabi 2017.
Je m’effondre de joie, encore un rêve qui se réalise… Plus de 80 nations représentées et je suis sponsorisée pour représenter la Jeunesse de la Fauconnerie Française à ce festival.
De surcroit j’y vais avec une femme professionnelle de l’effarouchement, et devinez quoi, son mari et elle cherchent à embaucher quelqu’un… Je passe 6 Jours dans une bulle hors du temps a ne faire que des choses que j’aime plus que tout, avec des gens incroyables. LE RÊVE !

A mon retour les choses s’accélèrent, j’ai quelques semaines pour tout quitter dans ma Haute Savoie natale, pour aller vivre mes rêves d’oiseaux en Bretagne en tant que professionnel de l’effarouchement ! Enfin je touche le paradis du doigt !
Le paradis fut de courte durée. Pour des raisons indépendantes de notre volonté, je me retrouve 2mois plus tard sans emploi, avec comme seule solution : une place de secours dans une fauconnerie militaire… Mais moi l’armée c’est un peu tout ce que je déteste alors je ne sais pas trop ou j’en suis. Je fais le point. J’ai 26ans, j’ai quitté le Jura pour les rapaces et je me retrouve de nouveau sans eux, je n’ai plus de sous de coté, plus d’amis ni de famille dans cette région, j’ai quitté mon copain, mon logement, et on me propose un post ou tout ce que j’aime et tout ce que je déteste sont réunis… ALLONS Y !

C’est comme ça que je me suis installée en Bretagne. Je rentre dans l’armée sur Lorient en juin 2018 comme assistante fauconnier sur base aéronautique navale. Et voir voler des faucons sur des pistes d’atterrissage aux cotés d’avions de chasse… Je vous assure que c’est un sentiment incroyable. J’y resterai 1an et en 2019 je retourne travailler chez ce professionnel de l’effarouchement qui n’avait pas pu me garder la première fois. Nous sommes amis et collègues, ça aura duré 5ans.

Pendant toutes ces années la médiation animale a toujours été là, dans un coin de ma tête. En 10ans j’ai vécu mes rêves de Fauconnerie, j’ai grandit, j’ai changé, j’ai appris… Maintenant j’ai d’autres rêves, et il est temps de les réaliser. Les aléas de la vie et la peur de me lancer m’empêchent de démarrer ce projet qui me tient tant a cœur depuis tout ce temps. Mais ce matin, Kaly, mon premier oiseau, mon ami, mon partenaire de vie, mon collègue de travail, est mort pendant la nuit. Grace à son départ c’est décidé, l’effarouchement c’est finit. Il est temps de faire un travail, qui me nourrit, qui m’épanouit pleinement, dans lequel je me sens utile et a ma place.

Me voilà.